La Team Charlie Paris est ravie d’avoir accueilli dans ses nouveaux locaux, l’aventurier Matthieu Tordeur, pour une interview. La dernière fois que nous avons échangé avec lui c’était il y a presque 2 ans, à son retour d’Antarctique, après une expédition en solitaire qui aura duré 51 jours. Depuis, Matthieu a vécu d’autres aventures, il a notamment gravi le Mont Blanc et a même sorti un film et écrit un livre qui retracent son expérience au Pôle Sud. Cette interview était donc l’occasion de prendre de ces nouvelles et de revenir avec lui sur cette expérience et sur toutes les autres belles aventures qu’il a pu vivre à travers les différents continents.
J’ai différentes activités mais on peut dire que je suis un aventurier car je fais des expéditions aux quatre coins du monde et je les partage sous la forme de livre, de film et de conférence. Depuis 10 ans je fais des expéditions en vélo, en kayak, en ski, en stop, à pied et la dernière était polaire puisque je suis parti traverser en ski polka une partie de l’Antarctique.
Quand j’ai grandi mes lectures de Tintin et celles des autres explorateurs m’ont donné envie de vivre mes propres aventures. Mais je crois que ça s’est un peu imposé à moi. J’ai d’abord suivi un parcours étudiant classique mais j’utilisé mes étés pour vivre des aventures. Au début elles étaient modestes, je prenais un vélo pour traverser un pays ou un continent, descendre un fleuve en kayak par exemple. Puis ça s’est professionnalisé au fur et à mesure du temps et quand j’ai vu le retour que je pouvais avoir sur ces aventures-là, j’ai commencé à écrire, faire des photos, je me suis professionnalisé et c’est là que je me suis rendu compte que je voulais en faire mon métier. Mais encore une fois, il n’existe pas d’études pour devenir aventurier ou explorateur c’est quelque chose qui se construit.
Il faut faire preuve d’adaptation, mais je pense que c’est vraiment l’esprit de curiosité qui unit toutes les personnes qui font de l’aventure. Il faut rester humble face aux limites qu’on peut avoir, ou que le terrain, la géographie nous imposent et faire preuve d’adaptation pour pouvoir avancer et ne pas se mettre en danger.
Ma première aventure c’était juste après mon bac, j’avais tout juste 18 ans et je suis parti traverser une partie de l’Europe à vélo. Mes parents comprennent cet attrait pour le voyage car ce sont eux-mêmes des voyageurs. Après ils comprenaient un peu moins cette idée de partir tout seul et ils étaient un peu moins favorables à ça. Mais ils m’ont quand même encouragé dans cette direction, et j’ai eu la chance que psychologiquement ils me soutiennent dans toutes mes expéditions et aventures. Ils ont été derrière moi et cela m’a beaucoup aidé psychologiquement.
Je pense qu’il ne faut pas s’autocensurer et avoir la frustration de se dire qu’on ne pourra pas faire l’expédition d’un autre aventurier. Le conseil que je pourrais donner c’est d’y aller tout simplement et ne pas accorder trop d’importance au matériel et aux conditions physiques. On n’est pas obligé d’avoir le meilleur équipement pour y aller et au pire on peut adapter le parcours si besoin. Il n’y a pas de hiérarchie entre les aventures, on peut faire de très belles aventures à sa portée comme en France.
Il y a peut-être une part de folie dans tout ça mais il y a aussi une grande part de curiosité. J’étais très curieux de faire l’expérience physique de ce continent l’Antarctique qui m’avait fasciné tant d’années. Ma sensibilité d’aventurier m’attirait vers cet endroit-là et je voulais connaître la solitude sur une grande durée.
La préparation elle est essentielle dans ce type d’aventure. Mes expériences sportives précédentes m’ont formé à partir dans une aventure plus ambitieuse. Il y a aussi une préparation de 2 ans pragmatique, de recherche de partenaires, de communication, de test de matériels, de préparation physique et psychologique.
Oui je me suis déjà senti en danger car c’est un environnement très contraignant, l’Antarctique c’est le continent le plus froid et le plus venteux de monde. Il faut être très vigilant, méticuleux et précis dans ses gestes car tout peut dégénérer rapidement. Le moment où je me suis senti le plus en danger c’est quand il y avait des vents violents de 60km/h et que la tante bouge dans tous les sens, c’est une agression permanente et le venet accentue la sensation de froid.
C’est dur de passer 51 jours tout seul avec un objectif. Quand on est tout seul dans un grand désert blanc, qu’il fait jour tout le temps et qu’on est seul face à soi-même et face à cet objectif qui vous dépasse, 51 jours ça peut être long. Mais la difficulté que j’ai pu ressentir c’était rassembler la motivation tous les matins pour remettre mes chaussures de ski, et repartir dans le grand blanc pour 12h de ski. La tentation d’abandon elle était forte mais j’essayais de la surpasser en remettant mon rêve de pôle sud à la surface.
Je suis allé au bout de cette aventure malgré les conditions compliquées, parce que j’étais assez prudent sur la quantité de nourriture que j’ai emmenée, donc je ne changerai pas grand-chose. Mais si c’était à refaire peut-être que je reverrai mon alimentation pour qu’elle soit un peu moins lourde. Lorsque l’on part sans ravitaillement il faut avoir le traineau le plus léger possible et le mien était peut-être un peu trop lourd, 115kg au départ, j’aurais pu faire un peu moins lourd.
Je pensais déjà écrire un livre car j’en avais écrit déjà un sur une aventure que j’avais faite en 4L avec un ami pour promouvoir le microcrédit. J’avais déjà cette expérience d’écriture et je comptais en écrire un autre, mais cette fois, un récit qui raconte aussi bien mon aventure géographique que mon aventure intérieure. Lorsqu’on passe 51 jours avec soi, il se passe pas mal de choses à l’intérieur de nous et c’est ça que je voulais exprimer et raconter.
Je dirais que c’est d’atteindre le pôle sud mais écrire un livre ce n’est pas simple. Il faut s’astreindre à une certaine rigueur et c’est un exercice émotionnel qui peut être compliqué car on replonge au fond de l’aventure, on essaye de se livrer et partager des choses de la manière la plus sincère possible.
L’écologie c’est toujours un vrai sujet car je ne suis pas un scientifique ou un spécialiste de l’environnement, et je me vois davantage comme un témoin des changements que j’ai pu voir sur le terrain. Je peux me faire le rapporteur et témoigner de ces changements climatiques mais je ne pourrais jamais remplacer la parole d’un scientifique. Je suis en quelque sorte le lien entre les scientifiques et le grand public. Aujourd’hui, j’essaye de sensibiliser les jeunes générations sur la préservation de l’environnement. J’aimerais bien que mes prochaines aventures puissent porter davantage ce message et soient le porte-voix de tous les bouleversements qu’on connaît.
Je suis sensible aux mutations de l’environnement et à l’adaptation de l’homme face à ces changements. Probablement que j’irai dans cette direction à l’avenir mais il reste plein de choses à dire sur la biodiversité, la faune, mais il y aura aussi très certainement des projets polaires à l’avenir.
Je vois plus cette situation comme une opportunité. C’est vrai que je ne peux pas aller très loin mais mes projets à court terme vont être plus locaux. Début avril, je vais partir dans les Alpes pour faire un film pour aller documenter la fonte des glaciers alpins. Je vais partir avec une glaciologue et un écrivain voyageur pour faire un itinéraire de ski de randonnée entre Chamonix et Zermatt. Je travaille aussi en tant qu’administrateur dans un fond de dotation pour transformer un vieux bateau en plateforme de sensibilisation au monde polaire. L’idée est d’emmener ce bateau l’année prochaine tout le long de la côte française, de le faire débarquer dans chaque port, et d’accueillir des scolaires pour les sensibiliser à l’Arctique et l’Antarctique. En 2022, l’idée serait d’emmener ce bateau sur la côte Est du Groenland pour faire une expédition scientifique.
On espère que cette interview vous a plu et vous aura donné envie de partir à l’aventure !
Vous pouvez retrouver le livre “le Continent Blanc” retraçant l’expédition de Matthieu en Antarctique sur son site, matthieutordeur.com ou en librairie. Et pour suivre au quotidien ses aventures, n’hésitez pas à le suivre sur Instagram et Facebook, où il est très présent.
Nous remercions encore Matthieu d’avoir passé un peu de temps à échanger avec nous et à très bientôt !
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